Des retrouvailles pas très heureuses[PV Melt]

Qu'es-ce que je fais ici ?
Voilà une question à laquelle je ne saurais répondre avec précision. J'étais ici pour m'entrainer, comme d'habitude, obligé de fuir durant la guerre. Pitoyable, mais nécessaire à la survie du plus grand nombre. Et, comment dire, j'avais atteint mon objectif, isoler les sauveurs du reste des autres.

J'avais réussi à emporter avec moi mes compagnons d'arme, bien que cela avait eu un impact majeur sur mon corps et ma santé mentale. L'oubli intégral de mon passé. Mon souvenir le plus vieux ? Ma rencontre avec Darkrai, m'annonçant que j'étais mort. La seule chose qui me restait, était un nom, trouvé sur un papier dans ma poche : Meltdown...

J'étais là, ignorant réellement pourquoi je luttais contre cette pluie torrentielle, rallumant en moi la flamme du combat, ravivant ma mémoire, le rappel du combat contre Holrik et son petit ami Omegaalpha.

Au détour du chemin, que j'empruntais, arrivé au sommet après une longue course, il était là. Holrik était là. Mais il foutait quoi ?

"J'sais pas pourquoi, mais sa sens le rat dans l'coin !" m'exclamais -je vivement afin que l'intéressé se rende compte de ma présence...

"Tiens, je pensais trouver ce lieu vide...à présent, ici, de vide, il n'y a plus que ta caboche... Dommage, j'aurai préféré être seul."
"Oh, mais ne serait-ce pas mon meilleur ami, le mi-Darkrai ? Ca fait un bail.... Tu vas bien, j'espère !"

Hohoho, voyez-vous ça ? C'est qu'il avait pris de l'assurance le petit rat. Et puis il avait changé aussi. Il ne ressemblait plus vraiment à un pikachu... Plus gros, beaucoup plus gros. Et plus orange aussi.

"Tiens donc, Holrik, que fais-tu là ?"

La véritable question était, t'as bouffé un raichu de travers ? D'ailleurs le que fais-tu là était sans nul doute obsolète, il venait ici pour s'entrainer, tout comme moi. Tout comme avant... L'avant guerre, quand j'avais encore conscience de mon passé. A dire vrai, depuis l'affrontement, je n'avais juste gagné que quelques gouttes de sang en plus sur mes mains. Cela n'avait rimé à rien, y'avait-t-il eu un vainqueur ? J'y avais juste perdu un peu plus de santé mentale, ainsi que mon arme. Bilan médiocre en somme. Je m'asseyais tranquillement par terre, parfaitement conscient qu'il ne frapperai pas. Malgré le fait que nous soyons ennemis, il semblait que nous soyons dans un certain sens "amis", à un degré lointain certes, mais n avait une certaine facilité à discuter, s'insulter, s'estimer aussi. J'avais conscience de sa force et la réciproque était vraie aussi.

"Bon alors le rongeur, racontes-moi tout, c'est quoi le bilan de votre côté ? La bataille à durée longtemps après mon repli ?"

J'avais tant de questions à lui poser. Il était vrai que c'était un ennemi, et que mon rôle était de les éradiquer, seulement, si ils disparaissent, mon but s'essoufflera très vite, plus personne pour s'occuper de la sauvegarde des êtres humains. Par ailleurs, voilà encore un truc que j'ignore, pourquoi je leur en voulais tant à ces enfoirés ...?

"Je voyage. Depuis la guerre de Nate. A vrai dire, depuis, beaucoup voyagent. Enfin, parmis les survivants. Et puis, je comptais m'entrainer un peu, aussi. J'ai un peu régressé ces temps-ci."

Régressé ? Il ne devait pas être le seul. Cela faisait depuis l'homicide de Xilya que je n'avais plus touché une arme et autant de temps que je ne m'était pas battu. Je dégainai ma lame rouge, elle était dans un état pitoyable, lame fêlée, tranchant usé, encore recouvert du sang du défunt leader, enfin bref, elle avait vraiment eu mal lors de cet affrontement. Je la rengainai sans plus de cérémonie.

"Beaucoup de morts de chaque côté. La bataille a peu duré après ta fu...ton repli. Il restait peu de gens pour se battre, et les derniers ne souhaitaient pas forcément se battre. Tout le monde s'est replié et peu se sont revus. Mais, qu'as-tu fais, toi, depuis ton repli ?"

Donc ma disparition à provoqué une chute des tensions ? Relâchement du stress, production d'endorphine ? C'était logique, Rockmanzero, l'ennemi publique numéro un. Enfin je n'avais plus le droit de porter ce nom, Rockmanzero était mon passé, je suis mon présent et mon avenir. Mais l'avouer reviendrai à avouer une faiblesse, avouer que mon mental s'en est retrouvé affaibli, doutant sur certains détails de moi-même. Enfin une réponse pour une réponse...

"Et bien, je n'ai rien fais du tout, mis à part méditer sur les événements récents... Au final, personne n'y a gagné. Quant à moi, j'ai juste accompli l'objectif de notre organisation, l'objectif concernant ma participation à la bataille. Dois-je comprendre que tu n'as pas revu ton petit-copain, Oméga ? Ou bien vous vous êtes disputés ?

L'humour comme remède aux maux. Être trop solennel est sérieux dans des mots pareil était risqué aussi bien pour lui que pour moi. Et puis, sa disparition était pré-occupante, car ok, c'était vraiment mon ennemi, mais il s'agissait d'un guerrier que j'estimai énormément, tout comme le rongeur non loin de moi.

"Bon, plaisanterie mise à part, il t'es arrivé quoi pour que tu ressemble à un raichu ?"

"Ça se voit tant que ça ? Pourtant, il n'y a eu qu'un petit changement, et très peu visible... Et sinon, dans vos labos, ils ont jamais tenté de mettre un pokéhumain électrique en contact avec tellement d'électricité que même lui, ça le dépasse ? C'est ce qu'il m'est arrivé, en gros. Pour ta part, tu n'as pas changé, physiquement en tout cas. Cependant, ton épée est en mauvais état... Je ne suis pas un félé des lames - sans vouloir insinuer que tu en es un, je préfères le préciser -, mais je prends bien soin de celles que j'avais achetées après notre combat ici même."

"Ce n'est pas réellement que ça se voit. Je dirais plus que... ça se sent ? Oui voilà, ça se sent. Quand je parlais de ressemblance, c'était pas, à proprement parler, au niveau physique. Enfin je me comprend. Et puis pour en revenir aux labos, tu sais, moi j'y vais rarement. Juste quand j'ai pour mission de ramener tel spécimen dans tel laboratoire. Chose que je fais rarement, contrairement à ce que tu dois penser, de par ma "position", j'suis plutôt libre de faire ce qu'il me plaît, et je me cantonne davantage dans l'espionnage ou opération sur le terrain, donc ce qu'ils font dans les labos, aucune idée. Je peux ?"

Sans attendre de réponse de sa part, je m'emparai d'une de ses lames. Je la soupesais, un peu trop lourde au niveau de la garde. Mais la lame était vraiment bien effilé, comme si une seconde lame, formée d'une mince couche d'air, l'enveloppait. Je me retournais, m'éloigna de quelques mètres et scinda net un rocher qui trainait. Connaissant une technique "brise-roc" c'était un jeu d'enfant, mais la netteté de la section était surprenante. Je lui rendis vivement son arme, avant de reprendre...

"Disons que ma lame n'a pas eue la chance de pouvoir bénéficier d'un entretien adéquat, et surtout que je l'utilisais bien avant ton acquisition. Enfin je devais en changer sous peu, elle ne me convenait plus de toute façon. Je ferais passer ça dans les frais militaires des Mensous. Par contre, deux lames, je ne penses pas que ce soit une bonne idée, mais après tout c'est toi qui voit. Sinon, tu revois Hard Lugia tantôt ? Je souhaiterais avoir un entretien avec lui, avant que tout ne redevienne comme à l'aube de l'affrontement."

"Ça permet des coups doubles, c'est plus efficace. Tu peux frapper ou te défendre à deux endroits en même temps, ou même frapper et défendre à la fois. Ça a ses avantages. Mais, je comprends pas très bien ce que tu veux dire. Oui, je vais très sûrement revoir HL d'ici peu, mais...pourquoi tantôt ? Je n'ai vu personne depuis l'affrontement, et ce serait l'après-midi du jour où je te revois que je le reverrai aussi ? J'en doute. Mais si je le vois dans peu de temps, je le préviendrai que tu veux le voir."

Des coups doubles peut-être, mais de puissance moindre, donc plus facilement contrables. Sans compter que la prise en main était plus délicate et donc les mouvements seraient moins fluides. Il y a aussi le problème de la défense moins résistante, étant donné que il y a moins de force pour bloquer le coup. Par ailleurs, régler ses mouvements afin qu'ils s'enchainent sur deux plans opposés n'est pas ce qu'il y a de plus simple et pour finir, il avait les deux mains occupés.

Sinon le petit Holrik aurait réussi à évoluer avec une surcharge ? Fait plutôt étrange, mais néanmoins intéressant et à tenter de reproduire, et pas forcément que pour les pokémons électriques

"Tu le reverras, c'est certain. J'attendrai au pied de la tour céleste, tu peux l'accompagner si tu le souhaites, mais je ne pense pas que ce soit préférable pour toi."

J'ai anéanti Xilya de mes mains, aussi il me semblait logique que mon invité puisse exprimer quelques doutes vis-à-vie de notre hypothétique rencontre, hypothétique dans la mesure que il m'est impossible de savoir si il allait venir ou non.

"Tu comptes faire quoi à présent ? Poursuivre ta chasse aux mensous ou bien vivre dans une nouvelle optique ?"

"Tant qu'il y aura des Mensous, il y aura des Sauveurs, et je serais l'un d'entre eux. Mais, je ne fais pas ma "chasse aux Mensous...pas vraiment, je les empêche plutôt de réussir leurs plans. Je comptes les bloquer et les voir disparaitre - sans qu'ils meurent si possible - ."

Malheureusement, la réciproque était vraie, tant qu'il y aura des Sauveurs, il y aura une opposition. Au final, ce n'est rien de plus qu'une sorte de boucle bouclée. Un conflit éternel, lancé par l'ambition désastreuse d'un groupuscule...

"Douce idylle que voilà. Il s'agit juste d'une guerre entre deux factions qui ne souhaitent qu'imposer leur idéal. Le notre semble être de dominer le monde, quand au votre, c'est de nous arrêter. Je suppose que tu trouves ça normal, voir même juste, non ? Mais que ferais-tu si le but de notre domination était plus noble que ce que vous le pensiez ?"

La vérité est telle que c'est toujours le plus fort qui impose sa loi, donc sa justice. Et c'était là, le cœur de notre volonté. Nous les rebuts de la société, les marginaux. Avoir notre place dans ce monde, tout simplement. Seulement, le monde tel qu'il est ne le permet pas, aux yeux des humains et des pokémons, nous ne sommes que des abominations, des prouesses scientifique terrifiantes...

"...Je... A vrai dire..." *se reprend* "Si par "normal", tu entends le fait que l'on veuille vous arrêter, alors oui. Et, pour ta question, je ne ferais rien du tout. Il n'y a rien de noble à kidnapper des enfants, à s'en servir de cobayes, et, lorsque les expériences sont finies, garder les résultats dans des cages et se débarrasser des morts ! Mais bien sûr, je supposes que tu trouves ça particulièrement juste et noble, d'en faire des cobayes contre leur gré au risque de les tuer puis de les garder enfermés pour les étudier avant de s'en servir comme armes."

"Oui, ces gens, tes "alliés" ont fait pareil avec moi - même si je me suis enfui juste après les expériences - , ils ont voulu me transformer en arme, se servir de moi, alors que je n'étais qu'un cobaye. Donc, je vais me répéter, mais ma réponse est : Je ne ferais rien, rien du tout... car il n'est pas plus noble que je le penses. Il y a de bons côtés à être transformé en arme humaine... notemment le fait que je vais vous empêcher d'arriver à vos fins."

Donc voilà le pourquoi du comment. Lui aussi était une expérience de nos scientifiques. Ça expliquait bien entendu sa haine vis-à-vie de mes pairs. Cela dit, tous nous mettre dans le même panier n'est pas forcément la meilleure chose à faire. Le présupposé est le pire ennemi de l'homme sage, il ne faut pas se fier aux apparences. La preuve, nous sommes ennemis, jusque dans la source même de l'idéologie qui nous anime. Il me semblait pourtant évident, que si nous devions choisir un "clan", c'était avant tout pour pouvoir se protéger du monde extérieur, celui des humains, ou nous ne sommes qu'abominations, des choses qui ne devraient pas être. Il était maintenant certain qu'il me faudra rencontrer Hard Lugia, mais sans armes, afin de savoir réellement ses motivations et les raisons de tout cela. Le sang avait beaucoup coulé, ce qui n'était pas pour me déplaire, seulement, il doit y avoir d'autres moyens, des moyens détournés pour lutter.

"C'est un point de vue qui se défend, mais ton expérience personnelle t'empêche de voir tout ce que tu as à voir. Cela dit, je pense que reste dans cet idée de bien et de mal te permet de nous traquer sans cas de consciences, et c'est le mieux pour toi. En revanche, j'aimerais que tu songes à séparer, dans ton esprit, les ordures de scientifiques, qui sont des pourris jusqu'à la moelle et qui prennent juste un plaisir malsain à bidouiller des corps et les pokéhumains, qu'ils soient victimes ou non, qui eux cherchent juste à vivre, vivre dans les meilleurs conditions possibles..."

Je fis une bref pause durant laquelle je me désintéressais de l'horizon pour fixer à nouveau mon interlocuteur.

"Je ne me cherche pas d'excuses, mais ne nous mets pas tous dans le même panier. Certains font ce qu'ils font parce que ils le veulent, comme moi, tandis que d'autres le font par dépit de solution auxiliaire, comme toi, ou la majorité des mensous qui ne savent pas pourquoi ils se battent, mais qui le font quand même."

"Par dépit de solution auxiliaire... Qui n'auraient pas d'autres choix ? Ils peuvent plaider n'importe quelle cause, même la liberté, donc à moins d'avoir des intérêts à rester avec vous, je vois pas pourquoi ils font en sorte que vous dominiez le monde, sauf si vous les y obligez ou les manipulez, et dans ce cas vous... *hésite puis reprend* ceux qui le font encore plus pourris..."

Ce petit possédait un sens de la justice qui le forçait à avoir une vision manichéenne de ce monde, chose dommage. Le principe était donc de lui expliquer clairement quelque chose qu'il refoulera automatiquement de par son mode de pensé. Autant dire que toute tentative serait vaine.

-Mway, chacun son point de vue sur la chose j'imagine. Enfin si tu veux un conseil, rien n'est ni blanc, ni noir dans ce monde, songes-y. Sur ce..., m'exclamai-je, tout en me préparant à partir, Mais bon, j'suppose que nous seront pas sans nous revoir, ou du moins, nous nous reverrons tantôt. Tu diras à HL que si il a peur de venir seul, tu peux l'accompagner, mais bon, je ne le tuerais pas tu sais. Allez, à bientôt gamin.

Sans plus de cérémonie et sans attendre une quelconque réponse de la part de mon camarade, je retournai à mon état d'ombre et commença à redescendre tranquillement la montagne, direction le lac.