Retrouvailles [PV Rémilia]

La nuit allait tomber... Cela faisait combien de temps que j'étais dans cette contrée ? Qui sait, Eronia, comme la population local aime à appeler ses terres, n'était qu'intéressement intellectuel à un autre intéressement. Les pokémons hein ? Étranges créatures vivant en puisant leurs capacités de la nature elle même. Quand je pense que l'autre chauve-souris m'a mordue, moi... Inutile de penser trop, ce petit avait bien fait, son poison m'a été étrangement bénéfique...

Rectification, la nuit tombe, la nuit tombe et je suis là, assise, adossée contre un arbre, contemplant le lac sur lequel se reflétait les quelques étoiles éparpillés dans le ciel sans nuage. Il était l'heure de se lever, se remettre en route, chaque nuit, inlassablement, avalant les kilomètres à sa recherche...

Mais avant toute chose, il fallait répondre à ses besoins naturels. Manger... Boire... Du sang. Voilà ce qu'il me fallait. Un pokémon devrait suffire, suffisamment gros pour que ce ne soit qu'un présent de sa part, et non pas la faux de la mort qui ne s'abatte sur lui. Après quelques minutes d'une recherche qui se voulait fastidieuse, la chance me sourit. En effet, aux abords, un troupeau de pokémons semblables à des bisons, s'abreuvait paisiblement. A table.

Décollage rapide, quelques dizaines de mètres d'altitude, puis vint le moment de redescendre, en piqué et sur l'un des leurs, agrippant fermement tout en prenant soin de ne pas blesser la pauvre bête. Elle n'allait pas avoir besoin de ça en plus.Je plantais hâtivement mes canines au niveau de la chair tendre et juteuse que représentais son cou, me délectant du doux nectar aux aspects rubis. Quelques gorgées, sans plus, juste de quoi se sustenter pour quelques heures. De la vraie nourriture ne m'aurais guère fait de mal, j'en convient, seulement, tuer de si fascinante entités dans le seul but de manger, je ne pouvais m'y soustraire.

Et toi ? Comment t'en sors tu ? Par ailleurs, où es-tu ? Je voudrais tant te revoir, te toucher ne serais-ce qu'une dernière fois. Je suis venue à ta recherche, mais es-tu seulement dans ce pays ? Ne me laisse pas...

"Ne me laisse pas... Sakuya..." Reviens-moi, s'il te plait... Suppliais-je intérieurement, laissant libre cours à ma tristesse, quelques larmes se perdant dans l'étendue d'herbe juste sous mes pieds...

Pitoyable, voilà ce que je suis. Si j'ai quittée le manoir c'est pour la retrouver, non pas pour me morfondre. De par mon statut de vampire, j'aurais l'éternité pour laisser libre court à ma tristesse si je ne parvenais pas à la retrouver. Et, si je parvenais à rentrer aussi. Comment en étais-je arrivée sur ce territoire ? Ai-je un moyen de rentrer, ou du moins de contacter Flandre ? Tant de questions se bousculaient tandis que les réponses ne se présentaient guère.

Les autochtones pourront sans nul doute me renseigner, mais sont-ils seulement amicaux ? D'ailleurs y-a-t-il des gens civilisés sur ces terres ? Les seules formes de vie croisés sont les pokémons...
J'étais perdue dans mes pensées, quand un choc se fit entendre et ressentir à une dizaine de mètres derrière moi. Deux pokémons se battaient, l'un des deux n'était qu'une copie rocheuse d'un rhinocéros, tandis que le second se voulait l'avatar d'une tortue, militairement armée comme en témoigne les deux canons à eau qui dépassent de sa carapace.

J'étais maintenant assise, contemplant le combat qui faisait rage, des secousses, des jets d'eau, des lancés de cailloux et des lasers de glace. L'avantage allait clairement à la tortue, il n'y avait aucun doute là-dessus. L'eau serait donc plus approprié contre la roche...

Finalement la recherche de Sakuya attendra un peu, ce combat est trop fascinant pour le quitter des yeux, il y a tant de choses à observer, ainsi qu'à apprendre, afin de s'assurer de ne pas être blessée...

Les pokémons sont vraiment merveilleux. Mais dangereux aussi... La tortue mis fin au combat en activant ses canons à eaux en plein dans la tête de son pauvre opposant, qui fut expédié contre l'arbre le plus proche, avant de tomber KO. La tortue victorieuse, s'en retourna dans les eaux du lac, ma laissant à nouveau seule, parmi le calme, qui revint de lui même, de la nuit...

Une humanoïde m'observait et avançait vers moi par la même occasion. Il s'agissait d'une femelle, qui...

"Sakuya ? C'est bien toi Sakuya ? Mais, que t'es-t-il arrivée ?"demandais-je fébrilement, faiblement, plus pour moi même, à mesure que j'avançais dans sa direction. C'était elle certes, mais d'où sortaient ses stries bleues ? Était-t-elle au moins consciente de ses actes ?

Je lui faisait maintenant face et plus aucun doute, il s'agissait bien d'elle, physiquement du moins. La possibilité pour qu'elle soit possédée n'étant pas à exclure, je me préparais à devoir prendre la fuite au cas où. Si elle était possédée, je trouverais une solution, j'ai l'éternité pour ça.

Elle me faisait face, ne pipant mot. Elle devait sans nul doute être aussi surprise que moi, nous retrouver aussi loin de Gensokyo, sans raison valable, cela tenait du fantastique, d'un de ces vieux roman écrit par un auteur déluré.

"Baka, où étais-tu passée ? On était toutes inquiètes, j'étais inquiète !"

C'était réellement elle. Elle me serrais entre ses bras de manière forte mais tendre, en temps normal, j'aurais du la frapper. En temps normal, j'aurais du la réprimander, mais comment s'y résoudre ? Elle était là, pleurant dans mes bras, faiblement, mais joyeusement. Je ne devais pas être mieux, je sentais le sol se dérober sous mes propres pieds, laissant l'inquiétude au profit de la joie. Je ne savais que dire. Je ne savais que faire, enfouissant juste ma tête dans le creux de son cou, à la recherche de sa chaleur. Laissant ses vêtements absorber mes larmes, n'osant bouger, n'osant ouvrir les yeux, de peur que cela ne soit qu'un rêve. Ce ne fut qu'après quelques instants de flottement qu'elle parvint à répondre à ma question...

Il y avait quelqu'un qui espionnait le manoir... Je ne sais pas qui, je ne le saurais sans doute jamais. Je l'ai poursuivi, mais... Il était insaisissable. Après trois jours, j'ai définitivement perdu sa trace. J'étais dans des montagnes, des immenses montagnes. J'ai connu le froid glacial, la faim, la fatigue. J'ai failli mourir mais un pokémon, le tout premier que j'ai rencontré, m'a sauvé. Son nom est Dialga, et il est remarquablement puissant, d'après ce qu'on en dit, mais je ne le savais pas encore. Il m'a sauvé, sans que je ne comprenne comment, il m'a insufflé des forces et j'ai finalement réussi à retrouver des terres plus clémentes, ici, sur Eronia. Mais j'en ai gardé des traces, comme vous avez pu le voir... Mais je suis toujours moi-même, quoi que ma maitrise du temps se soit grandement améliorée... Mon errance n'a laissé en mon esprit que des souvenirs confus et partiels, aussi j'avais oublié comment retourner à Gensyoko... J'ai essayé de trouver quelqu'un qui connaisse notre monde ici, mais il n'y avait personne... Je suis si contente de vous revoir !

Je n'étais guère attentive à tous les détails à dire vrai je m'en fichais pour le moment. Au prix de douloureux efforts, je parvins à me détacher d'elle, avant lui administrer une gifle magistrale, lui hurlant de ne jamais plus recommencer, lui hurlant de ne jamais plus partir, ne jamais plus nous quitter, ne jamais plus me quitter. La peur s'envolant, la fatigue revenant, toutes ces nuits d'angoisse n'auront plus lieu d'être. Je m'effondrais, tombante de sommeil, le stress évacué...

Le soleil dardait ses premiers rayons à travers le lac...
La lumière hein ? Le soleil, je n'en étais guère friande. Les premiers rayon eurent pour effet de "précipiter" mon réveil. Où étais-je, et quelle était cette forme moelleuse dessous ma main ? J'ouvris lentement les yeux pour découvrir Sakuya, endormie à mes côtés. Donc tout cela n'était point un rêve ? Et la forme moelleuse n'étais autre que... bref. J'avais donc dormi contre elle ? Comme au bon vieux temps ? Enfin le bon vieux temps... Le jour naissant ne faisait qu'accentuer le teint bleuté de peau, elle était méconnaissable, en avait-t-elle souffert ?
Je me levai, péniblement, prenant soin de ne pas la réveiller. Je l'avais retrouvée, enfin, elle était réelle.

J'essuyai prestement le filet de salive qui c'était mis à couler durant mon sommeil, et me dirigeai jusqu'aux abords du lac, dans lequel je trempais mes pieds, observant la tour de nuages. Elle était magnifique et gigantesque, mystérieuse et chaleureuse, douce et lointaine. J'aurais sans doute pu la rallier en quelques battements d'ailes mais à quoi cela servirait-t-il ? Je me laissai au final tomber en arrière, les mains croisés derrière la tête soupirant joyeusement, avec le sourire. Observant le ciel, réfléchissant à un moyen de rentrer...

Le lever du soleil, moment magique pour les vampires. Les seules minutes ou ils sont autorisés à contempler cet astre qu'il ne peuvent observer. Les temps étaient rudes pour nous autres, avant. De par la magie de la génétique, j'ai eue la chance d'être immunisée contre les effets de sa lumière, bien que le jour ne me laisse pas si indifférente et que la lumière directe m'affaiblissait légèrement. Une tare génétique en somme.

Rentrons-nous au manoir ? Vous voulez peut-être vous reposer un peu.

Pauvre Sakuya, si tu savais la cruelle vérité. Nous sommes coincées ici. Dans un sens cela était arrangeant, les pokémons sont réellement fascinant, mais dans un autre, rien ne nous assurais que nous pourrions rentrer plus tard. Le seul moyen était de contacter les autochtones et de leur soutirer des informations. Et puis, un peu de repos ne peut faire que du bien. Ils s'en sortiraient au manoir, tandis que nous, nous étions dans une situation précaire...

"Non, nous restons. Trop de choses à voir, trop de nouveautés à découvrir."

Cela sonnait suffisamment comme une explication logique pour avoir la paix durant quelques temps. Je me redressais, réajustant mon chapeau avant de la fixer elle, Sakuya, toujours à mes côtés.

"En fait... j'ignore le chemin du retour. Puis il faut faire quelque chose pour ton corps, tu n'as pas mal ?"

En fin de compte, mieux vaux jouer carte sur table, et accepter son incapacité passagère...

- Vous n'avez pas à vous inquiéter pour cela, c'est totalement indolore. Et puis, je crois que cela me rend plus forte. Dialga est le maître du temps. Curieux hasard, n'est-ce pas ?

Le hasard hein ? Le hasard n'était qu'un mot sans sens lorsque l'on s'adresse à une personne ayant la faculté de manipuler le destin... Le hasard n'est rien de plus qu'une probabilité ayant aboutie.

- Je vous prie de me pardonner mon impolitesse, mais je souhaitais que vous compreniez...

Ainsi donc elle était devenue aussi forte ? Je n'avais guère perçue qu'un semblant de mouvement. Entendu un froissement de vêtements. Sentie un mouvement de vent (ouais, pour la rime). Je me retournais, afin de lui faire face, afin de pouvoir la regarder quand elle me parlait. Du respect, chose qui, de nos jours,ne parle plus à personne.

Et... je veux garder ces marques. C'est un don, un présent que ce pokémon. Ce serait insulter celui qui m'a sauvé que renier cette nouvelle part de moi.[/quote]

Comment refuser une telle requête ? Comment s'octroyer le choix de lui retirer ceci ? Je me relevait lentement, épousseta ma robe et la fixa droit dans les yeux.

"Soit, mais je te trouvais plus belle avant. Donc tu a croisée la population locale, c'est ça ? Ils sont amicaux ?"

J'avais une mine de questions à lui poser, tant sur ce territoire que sur son parcours, ses rencontres. Mais j'avais le temps désormais. Et de toute façon, nous étions toutes deux bloquées ici, en territoire inconnu. La priorité serait de se trouver un lieu ou s'abriter, un refuge en somme. Puis qui sait, nos objectifs pourraient très bien changer en cours de route...

Les autochtones se divisent en deux populations distinctes : les humains et les pokéhumains. Ces derniers indéniablement des humains mais possèdent également, de manière plus ou moins marquée, les traits et les pouvoirs d'un pokémon. ainsi, je suis une pokéhumaine... Les humains d'ici m'ont presque tous traité avec défiance, quoique la plupart n'ait pas essayé de s'en prendre directement à moi. Quant aux pokéhumains. Ceux que j'ai croisé m'ont aidé, mais ils se divisent en trois... armées, ou trois clans. Il y a les Mensous, qui ont une réputation plus que sinistre, les Sauveurs qui veulent... neutraliser ces derniers et les Elentsy... Je crois que ceux-ci étaient là pour essayer de parvenir à un compromis, mais ils ont perdu leur meneur il y à peu, et ses membres ne semblaient pas très liés entre eux, donc je ne sais pas si ce clan-ci continuera d'exister.

Allons bon, un continent en guerre ? Ça devait sans nul doute être un problème dans mon karma, ou quelque chose de semblable. Donc si on prends du recul, on se trouve dans une position de gentils/méchants et de ceux qui voulaient faire la paix. Quant à moi, j'étais donc devenue une pokéhumaine ? Enfin pokévampire, question de perception j'imagine.

Le mieux serait de trouve refuge parmi ceux qui sont dispersés afin de pouvoir se concentrer habilement sur la recherche du chemin du retour.

"Je vois... Si il doivent disparaitre, alors nous reprendrons le flambeau"

C'est tout ce que j'avais à dire. On serait ainsi en sécurité et bien gardés des autres groupuscules extrémistes. Et puis, il y aurait plus de possibilités d'investigation.

"Cela te convient ?", demandais-je à mesure que je m'éloignais du bord du lac. Regagnant paisiblement l'ombre des quelques arbres, le soleil, je le supporte, mais c'est pas pour autant que je l'apprécie...

Eh bien... Nous ne savons pas grand-chose, ni des Elentsy, ni des autres clans, aussi les rejoindre maintenant, donc ce mêler à cette guerre, peut sembler prématuré. Ils nous accorderons une protection dans un pays rongé par la guerre civile, et surtout des renseignements, n'est-ce pas ? Le seul problème est que, personne n'ayant pris les choses en main depuis la mort de leur leader, ce clan est, du moins semble très désorganisé. Pourrons-nous en tirer quelque chose ?

Ma pauvre Sakuya, si tu savais ce qu'il se passait bien avant que tu ne naisses...
Aussi puissantes que nous ne soyons, s'aventurer en terrain inconnu sans préparation revient à lâcher un nourrisson du haut d'une chaise et de se contenter d'en observer les dégâts, un accident est trop vite arrivé. Et puis, le simple fait de se rallier avec 2/3 natifs permettrait de comprendre le mode de fonctionnement de cette zone, d'en apprendre plus sur le bazar ambiant et aussi de mieux comprendre le fonction des "pokéhumains"

"C'est exact. Comme tu le sais déjà, à notre époque, ce sont ceux qui détiennent les informations qui détiennent le pouvoir, et sans ce pouvoir, je crains que nous ne puissions grand chose même solitaire, un habitant de cette contrée saura nous apporter quelques informations, superflues selon lui, mais capitales pour nous."

Elle en savait suffisamment, puis il est vrai que c'était notre objectif que de trouver le chemin du retour. Je lui tendais la main, expliquant que nous allions changer d'endroit, et que j'avais besoin de me dégourdir les ailes...